Au Sénégal, les femmes en première ligne contre la crise climatique!

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Samedi dernier, des femmes de toutes les régions du Sénégal se sont rassemblées dans les rues de Dakar pour une cause qui les concerne de près : le changement climatique.

À l’initiative de l’activiste climatique Khady Camara, elles ont participé à la 4ème édition de la “marche des femmes pour le climat”. À l’aube de la COP 29, ce rassemblement porte un message fort, qui transcende les frontières géographiques et sociales : face à la crise climatique, les femmes, surtout en milieu rural, sont non seulement les plus exposées, mais également des partenaires incontournables.

Les femmes rurales : premières victimes du changement climatique

Les femmes en milieu rural au Sénégal, comme dans de nombreux autres pays vulnérables en Afrique, subissent de plein fouet les conséquences du changement climatique. Sécheresses, inondations et dégradation des terres affectent leurs moyens de subsistance, en particulier dans les secteurs agricoles où elles sont les plus actives.

En Afrique subsaharienne, les femmes représentent près de 60 % de la main-d’œuvre agricole. Elles sont responsables de la production alimentaire, de la gestion de l’eau et du bois de chauffe pour leurs foyers, des ressources de plus en plus menacées par des conditions climatiques extrêmes. Cette situation les place, à la fois, en première ligne des impacts et en position stratégique pour mener la transition écologique.

Un appel pour la justice climatique

Alors que la COP 29 débute aujourd’hui à Baku, la capitale de l’Aazerbaïdjan, la marche des femmes pour le climat, loin d’être une simple revendication écologique, est un appel clair pour la justice climatique comme l’a souligné Khady Camara:

“ Cette marche est un appel aux décideurs du monde entier qui se regroupent à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan pour la COP. Il est temps que les pays pollueurs respectent les engagements de l’Accord de Paris et réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre. Il est temps également de renforcer la résilience des communautés vulnérables, et pour cela, il faut que les fonds liés aux pertes et dommages soient des subventions et non des dettes.

Comme d’autres femmes présentes, elle réclame des actions concrètes et ambitieuses de la part des gouvernements, des organisations internationales et des bailleurs de fonds. Leur message est clair : il est temps que les politiques climatiques prennent en compte la spécificité de leurs réalités et de leurs besoins, qu’il s’agisse d’accès à des ressources pour des pratiques agricoles durables ou de financements pour des projets communautaires.

Cette mobilisation rappelle également que les réponses aux défis climatiques doivent être sensibles au genre. Les femmes rurales subissent des discriminations structurelles qui aggravent leur vulnérabilité, notamment l’accès limité aux terres, aux technologies agricoles et aux financements.

“Nous les femmes, on a plein de projets, mais on n’a pas accès au financement!”

a regretté Cheikh Nya Faye, commerçante venue de Mbour, très en colère.

La puissance de la sororité dans la lutte climatique

Ce rassemblement témoigne également de la force de la solidarité féminine. Depuis son lancement en 2021, la Marche des Femmes pour le Climat est devenue un espace où les femmes sénégalaises, issues de divers horizons, se réunissent pour partager leurs histoires et leurs luttes.

Leur démarche rejoint un mouvement plus large : celui des femmes à travers le monde qui refusent d’être réduites au rôle de victimes, mais qui s’affirment comme des actrices clés de la transformation écologique

“Les femmes la solution”

Ce slogan longuement repris lors de la marche invite les gouvernements locaux ainsi que la communauté internationale à prendre conscience de l’urgence d’inclure les femmes dans les discussions climatiques, non pas seulement en tant que bénéficiaires des actions, mais en tant que leaders de celles-ci.

Leur expertise est indispensable pour concevoir des réponses ancrées dans les réalités locales. Des pratiques agricoles résilientes, des modèles de gestion de l’eau, des innovations dans la conservation des semences: autant de savoir-faire porté par des femmes et qui mérite une reconnaissance mondiale.

« Les femmes ont des solutions qui peuvent changer les choses ! Il faut les écouter ! » a martelé Meyrame Sy, membre du mouvement des Jeunes volontaires pour l’environnement.

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