Violences conjugales, et accès à la justice pour les femmes: l’affaire Dieynaba Ndiaye au Sénégal

0
285

Au Sénégal, une affaire de violence conjugale a récemment secoué l’opinion publique et relancé les débats sur la justice et les droits des femmes. Dieynaba Ndiaye, 25 ans, victime de violences de la part de son mari médecin, avait menacé ce dernier de diffuser des vidéos intimes de lui s’il n’arrêtait pas de la harceler.

Cependant, l’homme a porté plainte pour “collecte et diffusion de données à caractère personnel” et la justice sénégalaise a condamné la jeune femme à 3 mois de prison ferme et une amende de 4 millions pour dommages et intérêts, ignorant les violences subies. 

Une décision  qui a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, portée principalement par des féministes  sénégalaises. Une pétition massivement signée ainsi qu’une  manifestation ont été organisées, exigeant “justice pour Dieynaba” et dénonçant la violence conjugale.

Face à cette pression, les autorités ont interpellé le mari qui a été condamné à 45 jours de prison et une amende d’1 million, comme l’a indiqué le Collectif des Féministes du Sénégal sur sa page X. Un jugement léger et insuffisant aux yeux de beaucoup.

Il faut noter qu’au Sénégal, selon l’article 297 du code pénal modifié en janvier 1999, “la violence conjugale est punie d’une peine d’emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende de 50.000 à 500.000 FCFA si la victime souffre d’une infirmité ou incapacité à travailler pendant plus de journées suite à cette violence.” 

Malgré l’existence de cette loi pourtant claire, Dieynaba Ndiaye, dont les images au visage ensanglanté ont largement circulé dans les réseaux sociaux, en plus d’un “certificat médical avec interruption temporaire de travail pour dix jours” comme l’a révélé le journal Jeune Afrique a écopé d’une peine plus lourde que son mari, Alioune Badara Mbacké, qui avait pourtant reconnu avoir battu la jeune femme lors d’un direct sur X.

Une double injustice dénoncée

Cette affaire est une claque en plein visage pour les femmes victimes de violence. C’est aussi un rappel brutal des défis qui restent à relever pour lutter efficacement contre les violences conjugales en particulier  dans des sociétés où ces questions restent taboues et mal prises en charge.

En plus de soulever des enjeux cruciaux concernant les droits des femmes, et l’accès à la justice équitable, elle met en lumière deux problématiques majeures qui minent encore les droits des femmes au Sénégal:

  • Le manque de protection systémique pour les victimes de violences conjugales, qui pousse parfois celles-ci à adopter des stratégies risquées pour se défendre.
  • Une justice inéquitable qui semble encore accorder plus d’importance à la protection des droits des agresseurs qu’à la sécurité et à la dignité des victimes.

Leave a reply